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Milou

Publié le 13 juin 2020

Le fils de nos voisins était vétérinaire à Vigneux-sur-Seine. Sachant qu’on cherchait un fox après la mort du nôtre, il nous avait ramené ce chien perdu, et convaincu les parents de le garder, bien qu’on ait déjà trouvé Kiki entre-temps. Fûté, affectueux et joueur, il rappelait tellement le Milou d’Hergé, qu’il l’avait appelé pareil — jusqu’à ce que mon frère trouve que Mimile lui allait mieux. Du coup on l’appelait indifféremment Milou ou Mimile.

Fugueur invétéré, Milou s’est rendu rapidement célèbre dans le bourg en ayant ses habitudes chez Jojo Guinot le pâtissier, qui un jour lui avait donné un croissant invendu. Du coup le lendemain Mimile grattait à la même heure à la porte de la boutique. Une autre fois il avait inauguré la foire, en marchant fièrement juste devant le maire et les adjoints en écharpe tricolore. Ou peut-être lors d’un défilé du 8 mai, je ne sais plus trop — en tous cas il s’était taillé un franc succès.

C’était comme Kiki un redoutable tueur de ragondins, qui pullulaient en bordure de Charente. Souvent en balade il nous plantait là pour aller chasser ; on finissait par l’abandonner à son terrier et on revenait le chercher quelques heures plus tard ou le lendemain. Je laissais ma veste (un vieux treillis) au pied d’un arbre si on était trop loin pour qu’il rentre par ses propres moyens et on le retrouvait couché dessus, boueux, la gueule en sang. Les ragondins ça ne me dérangeait pas, il y en avait trop et ils ravageaient les berges. Le jour où il a réussi à choper un écureuil à la course, je l’ai engueulé — mais ma logique à moi devait lui échapper un peu.

J’ai pris la photo avec mon premier 6x6, une copie chinoise de Rolleiflex. Ce n’était pas la qualité de l’original, mais j’aime bien le rendu un peu vintage de cette photo, avant la vogue de la lomographie.

Et pour le ragondin, ça n’aurait pas fait une grosse différence.

Mimile (et un ragondin anonyme)
Environs de Civray, 1985