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À la Belle vue

Publié le 15 novembre 2023

De mon passage sous les drapeaux, je garde d’abord le souvenir d’un an d’ennui et de frustrations, puis de belles amitiés (sans suite), d’avoir découvert la course à pied (ça m’est passé pendant des années ensuite, mais c’est là que ça avait commencé — au début forcé, ensuite j’aimais bien) et enfin la découverte du nord de la France, dont je n’avais pas d’autre représentation mentale que Germinal, et les photos de mineurs de Jeanloup Sieff.

On y faisait de la topographie à l’ancienne, au théodolite (le GPS n’existait pas), pour calculer les coordonnées de tous les carrefours, des fois que les Boches nous refassent le coup de passer par la Belgique pour nous envahir à nouveau, ou les Néerlandais, les Russes, les Syldaves ou Bordures, que sais-je. On n’est jamais trop prudent.

J’ai vraiment aimé ce pays doux et un peu triste (la région de Dunkerque et celle d’Aire-sur-la-Lys), sa lumière, la chaleur et la gentillesse des habitants (l’auto-stop marchait du tonnerre), et quelque chose de Simenon dans tous ces paysages de canaux.

En zoomant sur cette image, que je n’ai jamais tirée à l’agrandisseur, je découvre qu’il est écrit « A LA BELLE VUE » au-dessus de la porte. Et d’autres caractères dessous, qu’il me faudrait un meilleur scanner pour déchiffrer. C’était donc sans doute, au moins à une époque un estaminet (j’aime bien ce mot, et c’est pas tous les jours qu’on peut le placer, alors je profite).

Quelques images plus loin sur le film, une péniche dans le brouillard, photo sans doute prise d’une écluse (je vous montrerai ça plus tard, quand vous aurez oublié celle-ci).

Simenon, vous dis-je. Vous prendrez bien un petit genièvre, M. le commissaire ?

À la Belle vue
Près d’Aire-sur-la-Lys, 1985