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Phrénologie

École de médecine navale, 1/2

Publié le 31 août 2019

De Wikipedia : La phrénologie (du grec : φρήν, phrēn, « cerveau » et λόγος, logos, « connaissance », terme probablement forgé et utilisé pour la première fois par Thomas Ignatius Forster en 1815 est une théorie selon laquelle les bosses du crâne d’un être humain reflètent son caractère. Son fondateur est Franz Joseph Gall.

En 1825, François Magendie qualifia la phrénologie de pseudo-science. Cette conception, bien ancrée dans son temps, est un exemple de méthode expérimentée biaisée dans le cadre de l’étude de l’histoire de la médecine.

Une de mes aïeules, native de l’île d’Oléron qu’elle n’avait jamais quittée, n’avait paraît-il jamais vu, de sa vie, la mer.

C’est ce que m’a raconté un jour un cousin féru de généalogie, et toujours en quête du chaînon manquant qui ferait de Pierre Loti un de nos lointains cousins ; j’espère qu’il le trouvera un jour. Il faut dire que notre arrière-arrière et quelques grand-père commun, Zacharie Bon, avait émigré de l’île d’Oléron pour être boulanger à Rochefort au 19ième siècle, où il avait eu « neu z’enfants » (9) de son premier mariage, et on ne sait combien du second. Autant dire que des Bon dans le pays Rochefortais, tu donnes un coup de pied dans une poubelle, y’en a quinze qui sortent, rien qu’à Tonnay-Charente à côté on est trois Jacques Bon à avoir une carte de fidélité chez Gamm Vert, selon la caissière.

Plus modestement, j’ai vécu pendant 12 ans à huit kilomètres du musée de l’École de médecine navale de Rochefort, passant devant plusieurs fois par semaine en me disant chaque fois qu’il faudrait bien un jour que j’en franchisse la porte. Et il aura fallu émigrer à Paris, revenir en vacances au pays d’adoption et des origines, et qu’il pleuve des chats et des chiens pour qu’on aille enfin le visiter.

Je ne sais pas s’il faut lui faire tant de pub que ça à ce petit musée, tant on voudrait se le garder entre initiés, et s’en refiler le tuyau sous le manteau (vu la notoriété de ce blog, remarque, le risque n’est pas gros, ça revient un peu au même).

Donc, à l’époque ou Rochefort était à la fois un arsenal militaire, et un bagne (le second fournissant la main d’œuvre gratuite au premier) on y avait installé aussi l’École de médecine navale : il fallait bien former les médecins de bord (originellement barbiers médecins) de la Marine, pour soigner les innombrables maux pouvant se déclarer sur un bateau de guerre à voiles, du scorbut aux chutes d’espars sur le crâne, ou au chutes tout court, membres coincés ou arrachés, et blessures de guerre. Au plus fort des bagarres, un bon chirurgien de marine était capable de t’amputer de la jambe au niveau de la hanche en 3 minutes chrono, paraît-il. Pour l’anesthésique, un bon coup de gnôle, il y en toujours une bonne provision sur les bateaux, la ceinture entre les dents et serre bien fort mon gars. Et pour l’asepsie, on verra ça quand elle sera inventée. Autant dire qu’on mourait dru malgré l’artiste du bistouri.

Mais bon, je ne vais pas tout vous raconter, pour vous gâcher le plaisir de la visite, la guide-conférencière est passionnante.

Une des sections particulièrement remarquables du musée, c’est quand même la vitrine consacrée à la phrénologie, où sont exposés quelques crânes de criminels — parce que le Bagne ne fournissait pas seulement la main d’œuvre à l’Arsenal : comme on y mourrait allègrement, il fournissait également les nombreux corps nécessaires aux dissections et expériences de l’École de médecine (une rigole dans l’amphi carrelé, évacuant les humeurs vers l’extérieur, on peut voir encore le débouché).

Selon la « science » de la phrénologie, donc, les bosses du crâne déterminaient le caractère de la personne (le langage courant en a gardé la bosse des maths), notamment des criminels. D’où l’intérêt de conserver leur crâne dans les collections, avec l’indication de leur crime, pour l’édification des futurs médecins.

Mais trêve de blabla. Merci à Messieurs Fines, Huet, Simili, Joubert, Sonnet et Renucci (Corse) d’avoir bien voulu se laisser portraiturer, en ce dimanche matin si pluvieux qu’il pleuvait même dans le musée.

Et qu’ils reposent en paix ; ils n’ont pas dû avoir la vie facile tous les jours, et sont absous de leurs péchés, pour leur apport inestimable à la Science.

Musée de l’École de médecine navale, Rochefort
Août 2019
Jacques Bon cc-by-sa

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