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Dessinateur et modèle

Publié le 15 mai 2020

Je me souviens qu’elle avait accepté sans hésiter de poser pour mon copain Bernard Monestier, ce qui m’avait un peu surpris parce qu’elle ne le connaissait pas depuis longtemps et n’accordait pas sa confiance si rapidement d’habitude. Mais elle appréciait son travail de sculpture et il faut croire que le contact était passé avec l’ancien défenseur du Larzac à la voix éraillée autant que chantante (je ne sais pas si c’est vrai que la voix reflète la personnalité, mais pour lui, oui). Et sans aucun doute avec sa compagne. Peut-être aussi une petite douceur d’ego, qu’un artiste connu/reconnu au niveau régional, s’intéresse à ses courbes quelques mois après son accouchement.

Son antre lecture-dessin-peinture à Bernard était au deuxième étage de leur maison, une pièce mansardée sous vélux ; du bois partout comme dans le reste de la maison qu’il avait refaite entièrement seul, du gros-œuvre au mobilier. Pour la sculpture, ça se passait dans un hangar dans le jardin. Dans les deux lieux de création, le matériel et les outils étaient rangés avec un soin maniaque, comme d’ailleurs le reste de la maison. Et même dans l’atelier sculpture tu aurais pu manger par terre — sauf l’hiver parce que pas chauffé. Il était comme ça, l’ancien peintre en bâtiment, peut-être justement parce que.

Dans cette pièce par contre il faisait bon et ça sentait un mélange de bois, de cuir et de peinture à l’huile. Il nous avait prévenu que ça ne déboucherait sans doute pas sur une œuvre particulière ; qu’il avait surtout besoin de dessiner régulièrement, comme un musicien fait ses gammes, avec des modèles différents, comme les tonalités (ça c’est moi qui le dit, on en reparlera ensemble d’ici quelques années sans doute, si ça a encore quelque importance).

Atelier de Bernard Monestier
Sébazac, 1991